L’AAD ailleurs

De nos jours, la situation de l’AAD à travers le monde est hautement hétérogène : il peut être subi, faute d’accès à une maternité, consciemment choisi et plus ou moins intégré aux systèmes de santé locaux. Afin d’offrir un aperçu de la situation, une étude états-unienne de 2018 s’est essayée à développer des critères de mesure de l’intégration de l’AAD à l’offre de soins de onze pays à fort niveau de revenu. Elle relève que si certains font le choix d’une véritable promotion de l’AAD, d’autres le restreignent sans disconvenir du fait que le choix appartient in fine à la femme. Voici quelques exemples issus de cette étude :

Aux Pays-Bas

L’AAD bénéficie d’une longue tradition aux Pays-Bas : dans les années 60, 75% des femmes accouchaient à domicile. Cette proportion s’est fortement réduite et n’avoisinait plus que 16% en 2010… Ce chiffre est toutefois de loin le plus élevé parmi les pays à fort niveau de revenu.

L’AAD est très bien intégré au système de santé néerlandais : les sages-femmes libérales y sont plus nombreuses et disposent d’une plus grande autonomie. La coopération avec le système hospitalier est bien organisée et la densité d’hôpitaux offre des possibilités de transferts rapides.

Au Royaume-Uni

Depuis 1993, le programme Changing Childbirth développe les conditions nécessaires au choix de leur lieu d’accouchement par les femmes. Les sages-femmes sont libérales ou territoriales, parfois salariées. Leur assurance peut-être prise en charge par elles-mêmes, leur employeur ou les collectivités mais le Royal College Of Midwives n’impose d’assurance pour exercer, afin d’éviter toute discrimination financière.

En 2010, 3% des accouchements britanniques ont eu lieu à domicile et les indicateurs tendent à démontrer que ce chiffre pourrait s’élever à 8 ou 10% si davantage de sages-femmes pratiquaient l’AAD.

En Allemagne

L’accouchement à domicile est possible en Allemagne, sous condition de grossesse physiologique. L’Allemagne a fait le choix de développer des maisons de naissance sur tout son territoire. Les femmes sont donc plutôt encouragées à accoucher dans ces structures.

En Belgique

L’accouchement à domicile est inscrit dans la loi belge. Il est possible mais minoritaire, ne représentant qu’1% des naissances belges. Les sages-femmes bénéficient d’une assurance pour leur pratique. Pour les parents, l’AAD est couvert par la Sécurité Sociale et les mutuelles. Toutefois, les sages-femmes AAD sont peu nombreuses et fort sollicitées. Il est possible de trouver une praticienne sur le site de l’Union professionnelle des sages-femmes belges.

En Suisse

Les sages-femmes libérales suisses sont autorisées à pratiquer l’accouchement à domicile. Celui-ci est intégré au système de santé grâce à un travail de maillage interdisciplinaire avec le réseau hospitalier. Il est pris en charge par le régime de Sécurité Sociale de base et peut être couvert par certaines mutuelles. Il est possible de trouver une praticienne sur le site de la Fédération suisse des sages-femmes, où l’accouchement à domicile fait partie des critères de recherche. D’après la Fédération, l’AAD représente 1% des naissances.

Au Québec

L’accouchement à domicile en présence d’une sage-femme est possible, organisé et réglementé au Québec depuis 2005. Il s’adresse aux femmes en bonne santé, dont la grossesse est physiologique, vivant à 30 minutes d’un hôpital et reliées au téléphone. Un règlement officiel encadre cette pratique pour les sages-femmes : Règlement sur les normes de pratique et les conditions d’exercice lors d’accouchements à domicile – Loi sur les sages-femmes (chapitre S-0.1, a. 5, 1er al., par. 2).