Témoignages en rédaction libre

Mardi 14 novembre : les contractions commencent le soir, comme avant-hier et la veille encore. Papa range le salon et l’entrée et les contractions continuent, à 10 min d’intervalle 

Mercredi 15 novembre : il est 4h50 du matin, hâte que papa se lève car elles deviennent difficilement gérables au lit. je dors entre chaque à moitié… j’ai froid puis coup de chaleur à chaque contractions

À 5h50, le réveil de papa sonne. il planque son tel sous la couverture pour pas me faire trop de lumière je lui dis c’est pas la peine je dors pas on va rejoindre Valérian et manger. de temps en temps je m’arrête pour des petites contractions que je gère mieux debout. Papa amène Valérian à la nounou et je reste là. Les contractions se sont calmées, même espacées… Un peu déçue, j’attends l’appel de papa pour lui dire finalement d’aller au travail. je dors d’une traite 37min c’est incroyable. en me levant ça reprend un peu mais doucement. Je ne sais pas si je dois garder espoir pour aujourd’hui ou pas.

Il est 10h. tout est calme dans la maison, et les contractions reviennent tout doucement.

le temps passe et elles se font plus régulières. j’installe ma petite zone pour les gérer : sur le tapis en mousse, un plaid, deux petits poufs carrés et le ballon de grossesse. je joue à ma 3DS entre chaque contractions. A un moment, je décide de prendre une douche bien chaude.

A midi, mon mari m’appelle. Il finit dans une heure mais je sens que j’aimerais qu’il revienne. Les contractions sont plus rapprochées, plus douloureuses et je veux manger avec lui. Il arrive avec un sandwich et me fait des pâtes aux lardons (il n’y avait plus les sandwichs que j’aime). Nous relançons notre rituel d’accouchement : regarder Cauchemar en cuisine ! x) Thierry m’a acheté une religieuse au chocolat, que je mange avec des dattes et une petite crêpe wahou.

J’écris à la sage femme qui me dis que c’est bien le début de l’accouchement, et d’oublier les urines de 24h (que je fais assidûment depuis 6h quand même !). Les contractions commencent à être plus dures. Étrangement elles sont irrégulières mais suivent une tendance nette : si elles sont rapprochées (entre 1 et 5min) alors elles seront moins fortes que si elles sont séparées par un intervalle long (ça pouvait aller jusqu’à 15min). Je me mets donc légèrement à redouter quand le calme s’installe…

14h30, nous décidons de sortir en ville, pour me faire un peu marcher. Nous prenons le tram et une dame lève un jeune homme pour que je m’assois. Les odeurs me dérangent. ça sent l’alcool et le parfum mélangé, beurk, vivement le grand air.

Nous sortons sur la place de l’homme de fer et allons au magasin de jeux de société. Thierry acheté TTMC2 ! en rentrant on pourra y jouer un peu. On a pas trop de jeux d’ambiance donc je suis contente. Nous rentrons tranquillement arrivés à la maison, je prends une deuxième douche. Nous goûtons ensuite des crêpes wahou et ouvrons le jeu de société pour faire une partie. Thierry arrive en premier sur la case N’hésite pas à gagner, mais n’arrive pas à donner la bonne réponse… je le rattrape et gagne !

Après ça, je décide de me reposer un peu dans la chambre. Mes contractions sont moins fortes et plus éloignées, je suis fatiguée. Mais je n’arrive évidemment pas à dormir. les contractions couchées sont les pires ! alors mon chéri appuie sa main dans mon dos. Je me mets aussi à déprimer. Je me dis que j’ai abandonné mon premier enfant (qui est gardé par l’ass mat) et me dis qu’il doit attendre notre retour toute la soirée, ça me mine tellement ! Comment pourrais-je avoir un 2e bébé alors que je ne peux même pas m’occuper du premier, je suis une mère égoïste. Mon chéri me rassure avec tout un tas d’arguments convaincants : que Valérian serait sûrement chamboulé peut être traumatisé s’il voit sa maman souffrir, peut être se dire qu’elle souffre à cause du bébé, qu’en plus on peut pas aller le voir pour ne pas le ramener ça lui ferait plus de mal… mais c’est tellement dur. Thierry me propose d’appeler l’ass mat pour entendre Valérian mais je ne veux plus de tel. Je veux plus appeler personne ce soir Finalement, Thierry doit aller au salon et je le suis. Il appelle la sage-femme qui lui dit que c’est toujours le pré-travail, elle prend de mes nouvelles… mais c’est pas pour de suite.

Nous allons commander une pizza et nous nous déplaçons ensemble à la pizzeria. C’était dur mais marcher la nuit avec mon mari c’était un peu magique, on ne sort plus aussi tard depuis qu’on a notre premier aucune contractions dans la pizzeria, ouf. 

Nous mangeons nos Pizza en regardant Nicky Larson. Ça faisait longtemps et on ne regarde qu’un seul épisode.

Les contractions font un mal de chien. C’est fou, même la main dans le bas du dos ça aide mais ça ne soulage pas. Aucune position ne soulage vraiment. Thierry écrit à la sage femme, qui dis que peut-être à force d’espérer, le travail ne se lance pas. Elle lui propose de me laisser gérer seule. Je ressens alors de la culpabilité et une peur de me retrouver seule… pas découragé pour autant, mon chéri décide de rester avec moi dans la pièce et de mettre des chansons (il commence par Prince, mon chanteur préféré qu’il n’aime pas et danse même). Je me mets à chanter avec lui. que je l’aime il ne m’a pas abandonné. Il compte juste les contractions, j’essaie de gérer seule la douleur sans ses points d’appui.

A un moment je décide d’aller aux toilettes, ça aide pour pousser et puis bon, je me vide légèrement de temps en temps… en me levant des toilettes, Oh ! la poche se fissure ou se brise, je ne saurais dire, un liquide chaud coule le long de ma cuisse… Thierry en informe la sage-femme et moi je file à la douche. Mes contractions deviennent alors bien plus violentes, je me tiens aux parois de la douche et je ressens le besoin de vocalises des « aaaaah » qui se font parfois chantonnants. Après en être sortie, ça ne s’arrête pas et Thierry refait les points de pression. A un moment il appelle la sage-femme et elle lui demande si elle viens ou pas, oui j’ai envie qu’elle vienne. Elle arrive donc, prends ma tension, le cœur du bébé est parfait… Thierry l’avertit pour le col, qui était pas trop trop ouvert pour Valérian et que ça pourrait me déprimer. De toute manière, elles sont trop rapprochées pour que j’ai envie qu’on examine mon col donc j’oublie vite. Je me rappelle avoir essayé de discuter un peu par moment en laissant sortir ce que j’avais en tête : « je déteste vraiment ça » ou « est-ce que tu as déjà accouché toi ? ça ne te fais pas peur quand tu vois les femmes souffrir comme ça ? » elle me répond avec un beau sourire « non parce qu’elles finissent toujours par réussir » et ça m’encourage. Je me rappelle aussi avoir exprimé mes peurs, en disant que j’avais peur qu’il ne sorte jamais. La même chose que pour mon premier A un moment, Laurène tente de m’aider avec le rebozo. Je ne sais pas si ça aide mais bon ça fait toujours aussi mal. Je demande l’arrêt au bout de 3 ou 4 contractions et Thierry reprend sa main. Laurène propose de placer Thierry derrière moi. Deux contractions plus tard, je sens que ça appuie, même qu’il descend… je lui dis et décide de partir aux toilettes. Laurène le retiendra et me laissera gérer seule. A partir de là je gère deux contractions et ma respiration s’emballe, je ne contrôle plus rien je n’ai pas la même respiration que pour Valérian ! je sens sa tête. ça y est, la fin approche. Surprise que Thierry et Laurène ne viennent pas, tant pis je vais y arriver (en vrai ils savaient et surveillaient de loin mais n’ont pas accouru dans la pièce et m’ont laissé de l’air). Je pousse un peu et place ma main à la limite de sa tête. je fais le tour de l’entrée avec mes doigts, bon c’est bien tendu j’espère ne pas déchirer mais je n’ai pas de contractions qui me guide.. je pousse fort deux fois, c’est efficace et la tête sort, puis le corps, je le rattrape et Laurène arrive pour m’aider à installer bébé sur moi dans les toilettes, c’est un véritable massacre il y a du sang partout Thierry amène la bassine et dis à Laurène de se méfier, que pour Valérian c’est sorti tout seul et vite après quelques minutes j’ai envie de me débarrasser du placenta, en vrai c’est gênant Pour le premier il est sorti tout seul juste après l’accouchement donc je ne l’avais pas vraiment senti aussi longtemps… je tente de pousser sans avoir de grands espoirs mais en fait il sort tout seul en 2 petites poussées pas très fortes. La sage femme était surprise, je crois qu’elle a dit que je suis incroyable

Bébé fera 3.4 kilos pour 53cm. Même poids que Valérian, mais plus grand ! Tour de crâne grand pour son âge, comme son frère. De mon côté, pas de déchirure, juste des petites griffures. J’ai pu donc assez rapidement me lever, totalement en forme comparé à ma première grossesse !

Je prends une douche sans tête qui tourne, après la tétée de bienvenue, on va se coucher tous les deux. Bébé dort super bien seul dans son cododo, incroyable j’étais prête à le prendre avec moi s’il voulait rester avec moi… mais ça m’a permis de dormir profondément sans peur pour mon bébé.

15h, la sage femme passe pour un contrôle. Les ailettes du nez battent un peu, il y a un petit blocage à la narine gauche et la saturation a l’air limite… par précaution, bébé ira à l’hôpital et y passera deux jours sous surveillance avant de revenir nous rejoindre.

Personnes présentes :

– Thierry mon mari

– Camille, ma doula

– Sage femme I. qui est devenue ma sage femme principale d’accouchement car ma sage femme est enceinte

– Sage femme S. qui m’a suivi tout au long de la grossesse. Comme elle est enceinte d’un mois d’écart avec moi, et qu’elle travaille en binôme, c’est I. qui sera là pour le plus gros de l’accouchement

Récit d’accouchement AAD pour un premier bébé

38 SA + 6. 3h du matin. Je me réveille sans trop savoir pourquoi ! Je sens une légère fuite, toute discrète, je pense à des pertes vaginales. Mais impossible de se rendormir. Je me dis bon, je vais aller aux toilettes ! Et là je sens que ça s’intensifie en cascade, j’ai sûrement rompu la poche des eaux. J’essaie de réveiller mon chéri en lui disant 3 fois que ça coule je vais jusqu’à la douche et laisse tout couler. Liquide transparent, inodore, un peu rosé par moment. La sage femme I. me dira que c’est le col qui travail et que c’est ok !

Je mets une culotte (ou plutôt disons une couche car perso je le sens comme ça .. ) pour fuite urinaire que j’avais acheté pour le post partum car ça ne fait que couler je pensais que ça s’arrêterait mais non, ça coulera d’ailleurs toute la journée. J’essaie de me rendormir, impossible, j’ai des contractions. Les premières de ma vie, comme des douleurs de règles qui viennent et repartent. Mon chéri est motivé et se décide à ranger le salon, sortir la piscine, passer l’aspirateur… Je préviens la sage femme I. qui me dis de m’occuper un max l’esprit en bougeant et faisant le ménage ! oups

Au bout de quelques heures, je décide de quand même bouger et d’aller à un magasin de jeux de société/manga, on avait déjà prévu la veille d’y aller (sans savoir dans quelles conditions on irait au final). Nous avançons très lentement. De temps en temps je supporte une contraction en marchant, de temps en temps je m’arrête pour laisser passer les plus fortes. Nous faisons 2 pauses assises pour que je puisse tenir debout, et je m’achète une bande dessinée ^^ nous passons à la mie câline acheter des sandwichs (flemme de cuisiner, cette sortie a pris bien trop de temps !)

A la maison nous mangeons en regardant cauchemar en cuisine. Au moins je rigole bien ! Grâce à un système de coussin d’allaitement, petit coussin aussi et ballon de grossesse, je gère les contractions. Mon mari filmera même un épisode de contractions à un moment où j’avais tenté une nouvelle position sur un tabouret face à une chaise de bar. C’est donc le chat qui s’est lové dans mon coussin d’allaitement . Mon chéri m’encourage et me masse le bas du dos à chaque contraction, ça m’aide ! Au bout d’un moment la télé est arrêtée pour passer à de la musique de fond (musiques de Zelda). Faisant face à de nombreux remix je ne cesse de lui dire de changer jusqu’à ce que je trouve une bonne musique de Twilight Princess (pour les connaisseurs) qui est non remixée et vraiment en mode détente. S’ensuivent d’autres du même style et d’opus différents, on a trouvé notre playlist ! 

Pendant ce temps là, la sage femme I. et notre doula, Camille, prennent des nouvelles de temps en temps. Vers 17h, les contractions deviennent plus fortes et il est difficile de me pencher pour aller sur le ballon. Elles durent quasiment 50 secondes chacunes. Ma sœur à qui je parles par messages panique et me dis d’appeler de suite la sage femme, que je dois être à 7 ou 8 (si seulement ça avait été vrai). J’ ai appris plus tard que le travail actif commence à ce moment-là. La sage femme I. me dis que si la douche n’aide pas à passer les contractions, que je peux effectivement m’aider de la piscine. Camille arrive, avec ses energy balls (boules de dattes/chocolat/poudre d’amande ). Elle aide Thierry à remplir la piscine et à me masser à chaque contraction. Ils finissent d’ailleurs par se relever aux thermos pour chauffer l’eau car le ballon est vide Thierry prépare mon petit autel avec ma Sainte Vierge, des bougies. Il avait accroché des images d’accouchement ou de positions au cours de l’après-midi après manger. Au bout d’un moment, des pensées désespérées m’envahissent. Je me pose des questions comme « est-ce que c’est possible d’échouer ? » et je pleure en silence. Camille et Thierry pensent que c’est la douleur sûrement, ils me massent. Je pose la question du bout des lèvres, ma doula me rassure gentiment. Mais au fond de moi, je n’attends que l’arrivée de la sage femme pour qu’elle me dise à combien je suis ouverte.

Je commence à ne plus en pouvoir. J’ai terriblement mal. Notre sage femme I. arrive vers 19h30, je suis à bout de forces. J’ai beaucoup de mal, même dans la piscine et elle me propose de changer de position (je suis quasi allongée sur le dos) mais je ne peux pas, pas de force et contractions rapprochées. I. examine mon col et m’estime à 5-6… elle a d’ailleurs dû l’examiner en 2 fois car j’ai eu une contraction pendant le toucher vaginal (dire que c’était le tout premier de ma vie !) A l’annonce de l’ouverture du col, je perds vraiment tout espoir, en plus on me dit que ça va monter crescendo. Je réclame qu’on appelle l’hôpital, que je finisse en césarienne je regretterai pas la cicatrice, après tout j’ai tenté mais c’est trop pour moi. Il y a des femmes qui le font mais moi c’est pas possible. Il faut se dire que j’ai dormi que 2h la veille le temps commençait à être bien long… Elles m’encouragent et I. refuse, car elle prend souvent le battement du cœur de bébé, il n’a aucun souci ! Elle me dit qu’on verra dans une heure comment ça évolue et qu’à ce moment-là on en reparlera. Alors j’attends que l’heure se passe… J’en peux plus. Je me dis que ça se terminera jamais, je vais peut-être mourir ici dans ma piscine ou après, sur le canapé. Que j’accoucherai sans doute demain, si je tiens encore. Je regarde la photo de mon meilleur ami qui me surnomme sa guerrière parfois, et je lui dis dans ma tête que je suis désolée, que j’abandonne que j’y arriverai pas. Entre temps la sage femme me vois galérer à changer de position dans la piscine, elle me propose donc de passer au canapé après une contraction. J’y arrive aidée et me voilà couchée sur le côté, toujours autant mal entre chaque contractions.

Ma sage femme principale, S. arrive vers 21h (elle n’a pas pu être la sage femme de mon accouchement depuis le début car elle est enceinte aussi). A partir de là, je vais déjà un peu mieux. Son sourire, sa douceur, et la force de la paume de ses mains sur le losange en bas du dos quand je gémis sur les dernières contractions m’aident vraiment. Je lui dis du bout des lèvres, tout doucement, qu’ils ne veulent pas appeler l’hôpital, que je suis à bout… Elle est super enthousiaste et me dit que c’est la désespérance, que même si je suis qu’à 5-6 pour son premier bébé elle est passée de 5 à 10 en une heure. Je ne sais pas si ça me rassure. Je me dis que personne ne m’écoutera, alors autant me concentrer sur ma respiration et subir… j’ai pas trop d’autres choix. Elles sont assises en tailleur au fond de la pièce, et discutent à voix basse. Ma doula et mon chéri ne me quittent pas, et me propose souvent de boire mais ma bouche est sèche et rien ne l’apaise donc je refuse plusieurs fois, à un moment je les gronde presque. Pauvre Camille !

A un moment, les sages femmes me proposent de passer aux toilettes. Je comprends immédiatement que ça pourrait aider, effectivement je n’aurai aucune retenue de pousser au-dessus des toilettes. J’essaie tant bien que mal. A ce moment-là, je subis quelques contractions, tout en respirant comme il faut. Je me rappelle avoir eu besoin de quelque chose (sûrement de l’eau ?) mais je refusais que Thierry me quitte pour aller le chercher (il était seul avec moi) donc il a appelé Camille à la rescousse. Au bout d’un moment la sensation change du tout au tout et me coupe le souffle, je ne peux plus souffler comme avant ça doit venir de l’intérieur et c’est un cri de la gorge qui sort ! Nous comprenons tous que c’est bébé qui arrive. I. et S. m’encouragent. Je réussi à me lever des toilettes pour qu’elles puissent mieux observer. C’est le moment où Thierry va souffrir avec moi, me soutenant derrière pour que je m’appuie sur ses bras. Déjà qu’en temps normal il ne peut pas me porter, là il met toutes ses forces et a vraiment très mal. Moi je m’accroche à ses bras et je me laisse prendre le plus bas possible pour me concentrer sur la poussée. La tête du bébé apparaît ! On me propose de la toucher si je veux. Je sens effectivement quelque chose, ça m’encourage (mais après recul je pense que j’ai sûrement touché mes lèvres qui sont hyper gonflées).

  1. me demande si je veux aller au salon maintenant ou si on attend que le bébé soit sorti mais la délivrance et mise au sein ne pourra pas se faire aux toilettes. Je réfléchis et me dis que ça pourrait valoir le coup de bouger pour mon pauvre chéri, il aurait le droit au canapé. Lui ne veut pas (je pense qu’il veut en finir) mais on y va quand même. Je marche en canard, j’ai vraiment une gêne entre les jambes ! Petit à petit j’arrive au canapé, et Thierry se met derrière moi, toujours pour me soutenir. Camille sera sur le côté pour me caresser le bras et a essayé le brumisateur pour me rafraîchir. Je pousse tant que je peux, I. me fait toujours des monitorings pour vérifier que bébé va bien. Il me semble qu’aux toilettes elles avaient fait chacune leur pari sur l’heure de naissance (on approchait des 22h22 qui auraient couronné le tout en plus de la date !) mais qu’au final à un moment on a dit que c’était trop tard. J’ai demandé combien de temps il allait arriver, on m’a répondu « quand bébé voudra bien ». Bon, aucune idée du coup, mais je donne mon maximum. Quand les contractions arrivent elles ne sont pas comme celles d’avant, et je pousse un maximum, en 3 coups. En fait je pousse à fond pour la première fois puis une fois que j’ai plus de souffle je respire mais je sens que j’ai encore mal et envie d’accompagner cette douleur en poussant, et ça à deux reprises. 3 par 3, dans le salon, on me dit que bébé est à moitié du chemin. Je déprime un tout petit peu car c’est ce qu’on m’a dit aussi dans la salle de bain, et je le fais remarquer aux sage-femmes qui me disent avec un beau sourire que c’est un premier bébé et qu’il prend son temps mais je recule pas. A un moment, elles ne peuvent plus prendre son pouls, bébé est trop engagé. Je me rends compte qu’il est bientôt là et qu’elles me font confiance à ce moment-là, ça me rassure et je continue. Et au bout d’un petit temps, bébé sort ! Je sens sa tête, puis le corps arrive très vite par la suite quasiment en glissant. C’est une sensation incroyable. I. tiens bébé tandis que Camille essaie de défaire le paréo qui me sers de soutien gorge afin de le poser sur moi. Je vois mon bébé, à côté, qui pleure beaucoup. J’arrive pas à y croire il est là ! Une ou deux minutes après, alors que bébé n’a même pas tété et que je le regarde toujours comme la 8e merveille du monde, le placenta sort tout seul lui aussi, les sage-femmes sont étonnées ! Elles me demandent si je veux un bébé lotus, je leur dis que non, je veux juste que le cordon ait fini de battre, elles me disent que c’est le cas. Effectivement il est bien blanc ! 

Durant toute ma grossesse, Thierry a toujours dit qu’il ne voulait pas le couper, que ça le dégoûtait sûrement et je l’ai respecté, mais là, surprise, alors que S. se propose de le faire (elle doit s’en rappeler) Thierry dit « non non, je vais le faire » et à ma plus grande surprise, il réalise le premier acte fait à bébé

Juste après, on m’accompagne dans le canapé pour m’allonger avec bébé. Je suis tellement épuisée et ça se voit, je m’endors à moitié. A part la vulve qui brûle de ouf, plus de douleurs d’accouchement, je revis, je peux ressoufler. Bébé est couché contre moi en peau à peau. Ils l’installent pour la tétée et il reste bien longtemps comme ça, quasiment une heure et demie ? Pendant ce temps là les sages femmes font les papiers. Je me rends compte que bébé a une force incroyable quand il tête c’est ouf xD on essaie de le retirer doucement entre deux tétés pour ses examens mais il se raccroche très fermement. Finalement on réussi, et c’est un beau bébé de 51 cm, qui pèse 3.10 kilos. On m’examine, j’ai deux déchirures mais des tissus (les lèvres je crois), pas des muscles et périnée intact (les sages femmes m’avaient appliqué de l’huile tout autours pendant la poussée pour le protéger). Donc pas de points de suture ! On m’apporte de la glace pour soulager la sensation. Puis quelques temps après, alors que bébé m’a été rendu on me propose d’aller me doucher et d’essayer de faire pipi. Bébé est alors donné à papa qui réalise son premier peau à peau avec lui.

Je vais sous la douche, toujours une sensation de brûlure et de gêne surtout entre les jambes on me donne un siège, et j’arrive à me laver complètement (ce qui sera inutile car au final je vais me retâcher juste après). I. me demande si j’ai la tête qui tourne deux fois je lui dis que non. Elle va chercher mon pyjama (ou plutôt, le tee-shirt XXL de mon meilleur ami qui me sert de pyjama, merci à toi pour m’avoir permis de dormir à l’aise malgré mon gros ventre), et elle récupère une culotte pour fuite urinaire. A la sortie de la douche ma tête tourne effectivement… elle me dit que la douche a duré trop longtemps. Je réussi à me sortir de là et à mettre cette foutue culotte (en plus j’étais pas tellement séchée on a galéré toutes les deux) puis on m’accompagne au canapé ou cette fois-ci je veux rester assise. On m’apporte les energy balls de Camille et un Candy Yop au chocolat, je me sens mieux. Ma tension est reprise deux fois, mon utérus est vérifié deux fois depuis le ventre pour vérifier que tout va bien niveau souplesse et quantité de sang… Le travail est terminé. S. s’en va, après avoir pris un Spasfon car toutes ces émotions lui ont déclenché quelques contractions mais ce n’est pas le moment pour elle !

  1. m’aide à m’installer au lit avec bébé pour pouvoir dormir puis s’en va. Pendant ma douche il me semble que Camille a fait la vaisselle (un amour !). Je sais qu’ils se sont attelés à défaire la piscine mais je ne sais plus quand exactement. Puis Camille s’en va à son tour… après m’avoir demandé comment je me sens et m’avoir félicité avec I. disant que j’étais une lionne

Personnellement j’ai plutôt honte de ma phase de désespérance. Je ne me suis pas sentie puissante en moi même, mais j’ai plutôt senti comment mon corps a réalisé l’incroyable et je lui en suis infiniment reconnaissante. Je suis aussi très heureuse d’avoir été aussi bien entourée, et surtout de mon mari qui m’a accompagné depuis le début, a rendu la journée si belle, a respecté mes choix même quand j’étais en désespérance il a bien compris qu’il ne fallait pas céder. Il ne m’a pas abandonné dans la salle de bain, et je me suis senti tellement plus proche de lui, pour moi on a vraiment donné naissance ensemble. J’aurais été à l’hôpital, ça ne se serait pas terminé comme ça… Au final je n’ai pas de regrets, bien que j’ai cru que j’allais mourir sûrement car j’ai bien été consciente et je ne suis pas entrée dans une bulle, à tous les moments je pouvais répondre de moi même. C’est donc pour moi le projet le plus fou de ma vie, l’épreuve la plus difficile mais le plus beau résultat que j’ai pu obtenir et je suis infiniment reconnaissante envers S. qui a cru en moi et a décidé de m’accompagner jusqu’au bout malgré sa grossesse. Aujourd’hui après avoir passé ma première journée avec bébé, je me sens reconnaissante et heureuse !

Enfin je prends le temps de vous raconter le récit de ce merveilleux moment, 18 juillet 2023.

Je m’appelle Katia, j’ai 33 ans. J’ai accouché de mon deuxième enfant en plein milieu du salon de ma maison, dans un petit village du 77, le 19 juillet 2023 à 0h50 .

Mes peurs et ma fatigue étaient là, ma sage-femme partait en vacances le 26 juillet et mon terme ÉTAIT le 26 juillet .

Nous avons décidé de nous tourner vers l’accouchement à domicile deux mois et demi après que je sois tombée enceinte de notre deuxième enfant .

Pour ma première, j’avais eu un parcours de grossesse et d’accouchement, que je qualifierais de « classique » :

  • Suivi gynécologique avec TV systématique
  • Préparation à l’accouchement sans partage avec d’autre parent avec une sage-femme ou ça n’avais pas spécialement matché (époque post-Covid)
  • Fameux test du diabète
  • Inscription dans une maternité privée
  • Pas de projet de naissance
  • Péridurale
  • Perte de poids de bébé sans explication 
  • Shot de gallia (nourette) fortement recommandé par la maternité
  • Séjour long (5j) après la naissance sans pathologie particulière
  • Difficulté d’allaitement
  • Fêtes de Noël avec tout le monde à la maison (bébé né le 17 décembre)

BREF LA LISTE EST LONGUE….

J’ai cheminé mon post-partum seule en écoutant énormément de podcasts, en lisant beaucoup et en parlant autour de moi des difficultés que j’avais rencontré (mes sœurs m’ont beaucoup aidé, j’étais la dernière des trois à voir un bébé), j’avais l’impression que ce n’était que moi qui ne m’en sortirait pas.

Et puis mon mari et moi avons décidé d’avoir des enfants plutôt rapprochés mais pas non plus autant que la réalité (18 mois). Je suis tombé enceinte on va dire 6 mois plus tôt que prévu mais tant pis ça ne changerait pas grand chose ! 

Baby John a été dans notre chambre jusqu’à ses 5 mois, avec allaitement exclusif et j’ai repris le travail à 5 mois et demi grâce à 1 congé pathologique, 2 arrêts et des congés cumulés.

Mon maternage n’a rien à voir avec celui de ma petite fille malgré tout l’amour que je lui ai donné avec  les connaissances que j’avais au moment venu.

Et j’en suis fière et heureuse !!!!

Ce 18 juillet, la femme de ménage est passée, mon mari a passé la tondeuse dans le jardin et moi le Rotofile. 

L’après-midi, nous nous sommes rafraîchis dans la petite  piscine et nous avons profité de nos derniers moments à deux. Ma petite fille était chez l’assistante maternelle. 

Il est 17 heures, je sens ENFIN mes premières contractions. Elles sont pour le moment plutôt légères, pas comme celle de mon premier accouchement. Je dis à mon mari d’aller chercher ma fille chez l’assistante maternelle, histoire que je me concentre un peu sur moi-même pour être sûre que ce n’est pas une fausse alerte. 

Il est 18h30, j’ai vraiment des contractions dans les cuisses comme pour mon premier accouchement, c’est parti…

Nous prenons notre dernier repas à trois, je demande à mon mari d’aller coucher ma fille, mais elle refuse. 

Elle veut que ce soit moi. Je lui demande alors de faire un gros dodo et peut-être demain petit frère sera parmi nous et elle pourra lui faire un premier bisou avant d’aller chez nounou. Nous avons de la chance depuis qu’elle a dix mois elle est très coopérative pour le coucher, il lui faut juste des gros câlins.

(Suite du récit écrit 2 mois après le temps me manque mais quand je relis le texte je reste fidèle à moi même ouf mes larmes d’émotion coule moins) 

Donc…

Ma grande fille couchée, nous nous affairons à préparer la maison : un matelas en plein milieu du salon, la piscine (déjà pré-gonflée dans le garage) dans la salle à manger, les fauteuils et canapé bâchés, la table de la SF et de mon mari prête avec le nécessaire pour le bon déroulement, les lumières tamisées. J’appelle ma SF pour lui faire un topo, elle me dit que dès que ça devient compliqué, mon mari l’appellera et je monterai au bain (elle avait 1H pour venir). Ma future doula diplômée et photographe est appelée vers 19h. On est OK.

Nous nous posons devant Harry Potter et la coupe de feu en mode chill avec mon mari, les contractions sont supportables. Il devait être à peu prêt 20h.

Quelque temps après, je perds la notion du temps. Je laisse Harry Potter en fond pour mon mari, mais je mets mes écouteurs en mode obstructeur de bruit avec la playlist que j’avais prévu et je laisse défiler. 

Je suis à quatre pattes avec le ballon, des fois sur le matelas et mon meilleur ami est mon peigne que j’ai broyé entre mes mains mais qui a tenu le coup.  

Je vocalise pas mal (j’avais fait du chant prénatal), donc je fais des bruits rauques.

Je ne peux plus travailler seule, j’ai besoin que mon mari me frictionne les cuisses à chaque contraction. Et je bouge sans arrêt : chaise, ballon, matelas, mon mari, …

Il me demande plusieurs fois s’il doit appeler ma SF, je lui répond que non, et ce pendant quelque heures.

J’ai mal, je lui demande le bain chaud et d’appeler la SF, elle décolle de chez elle. Nous allons à la salle de bains qui est à l’étage. 

Encore à quatre pattes dans le bain, la salle de bains devient vite un hammam.

Je vocalise toujours, j’ai mal, j’ai l’impression de le sentir, je lui dis de descendre dans mon bassin d’avancer, que je suis là et qu’on va y arriver ensemble et j’ai l’impression de le sentir descendre. Mais là…. Phase de désespérance totale.

Je me demande pourquoi j’ai fait ça, quelle connerie de vouloir accoucher à la maison, une bonne péri m’aurait fait du bien, je pleure, j’aurais du écouter ma mère et ne pas vouloir faire comme ma sœur. 

Prise de bouffées de chaleur, je demande à mon mari de m’aider à sortir du bain et de m’aider à me sécher. 

Je suis prise d’une envie de poussée, d’aller aux toilettes à la selle. Je me mets à cheval sur la cuvette des toilettes face à moi. Première phase de poussée, j’ai mal, je pense que c’est le bouchon muqueux qui à sauté.

Je suis à l’étage, je fais trop de bruit, il FAUT que je descende dans le salon. 

Comment j’y suis arrivé, je ne sais plus trop. J’ai juste eu le temps de me retrouver devant la porte du salon, avant une énorme contraction.  

Je me mets accroupie devant le matelas que nous avions installé. Mon mari a dû descendre entre-temps. Je me mets nue. 

2ème poussée, la poche des eaux a explosé. 

3ème poussée, la tête, ça pique ! 

4ème poussée, bébé vient de sortir.

Mon mari le récupère. Je suis tétanisée, impossible de bouger. Je lui parle, je lui dis que je suis là, que je vais pas tarder à le récupérer, que papa est là le temps que je reprenne possession de mon corps. Que faire ? Rien… mon mari et la doula m’aident à m’asseoir, encore reliée via le placenta, je récupère mon bébé en peau à peau : couverture et bonnet. 

Mon mari appelle notre sage-femme, hallucinée, elle est encore à 20 min de route. Pour moi tout va bien, j’ai mon bébé dans les bras. 

Mon mari a pour mission de me mettre des alèses sous les fesses et de regarder la quantité de sang perdu. Moi, je suis shootée à l’ocytocine, tout va bien. Il reste avec la sage-femme au téléphone pendant les 20 min à contrôler.

Je dois me mettre a genoux… pas encore envie, je ne suis pas dedans ! J’ai mes premières tranchées, une horreur : P***** c’est pas fini ? 

Je ne m’en souviens plus, mais Marie ma doula photographe est là, je ne m’en suis pas rendu compte. Elle prendra les plus beaux premiers clichés de mon fils.

Ma sage-femme arrive. Heureuse je me redresse machinalement, je me met a genoux, je pleure de bonheur de la voir et de lui présenter notre fils. 

Toutes une tonnes d’émotions se mélangent, j’en rigole… je viens de laisser tomber mon placenta !

Mon mari le met dans le saladier prévu à cet effet.

Ils m’aident tous les deux à m’installer sur le matelas avec bébé.

Quelque temps plus tard mon fils prend sa première tétée, pendant que ma sage-femme vérifie le placenta. Tout va bien. 

Nous effectuons un clampage très tardif (franchement je ne sais plus combien de temps après mais on était pas pressé) et une vérification standard de bébé. Première couche pour bébé. C’est l’heure du peau à peau de papa, d’un passage aux toilettes et d’une bonne douche pour maman. Puis direction le lit pour maman et bébé. 

Dodo vers 4h du matin,… et ma grande dort à poings fermés ! 

J’ai très peu dormi jusqu’à ce que ma grande aille chez son assistante maternelle, trop occupé à regarder mon fils. 

Le matin affamée… bébé au sein… je descends dans mon fauteuil, je me relaxe avec une couverture, un coussin d’allaitement et le petit déjeuner. Nous avons commencé notre vie à quatre. 

©Katia Razgallah

Mercredi 22 mai 2024

18h

Quelques contractions se font sentir par moment, nous décidons d’emmener Marie chez mes beaux parents, en pensant que le travail pouvait commencer cette nuit. 

20h

Les contractions sont toujours irrégulières, mais je sais que c’est un début de travail. 

21h

Papa prépare des bougies, fait une bonne flambée… essaye de faire que je me sente à l’aise pour sécréter de l’ocytocine ! On y croit !

On installe le matelas devant le poêle pour y dormir en attendant le début du vrai travail. 

22h

Les contractions sont toujours très espacées, on décide d’aller se coucher dans notre lit… rien ne sert de s’affoler si on peut dormir encore un peu… !

Jeudi 23 mai 2024

Les contractions sont toujours présentes tout au long de la journée, toujours espacées et de manière irrégulières. 

C’est la pleine lune… est-ce que le petit Marceau souhaite en profiter pour pointer le bout de son nez ? 

Les charpentiers attaquent le chantier de la toiture, et déposent toutes les tuiles du bas de la toiture côté terrasse sud. Un sacré chantier et du bruit toute la journée ! 

Le soir, nous apprenons que nous devrons encore sortir des économies pour refaire l’isolation, ce que nous n’avions pas prévu…

L’heure n’est pas à la sécrétion d’ocytocine, mais plutôt aux calculs de budget travaux … 

Les contractions continuent de temps en temps malgré tout. 

23h – Une contraction plus forte que les autres me réveille, et m’oblige à me concentrer sur ma respiration. 

Vendredi 24 mai 2024

2h – Une nouvelle contraction me réveille 

3h20 – Nous sommes tous les deux réveillés avec Papa. La pleine lune de la veille joue peut-être sur notre sommeil. Nous en profitons pour discuter de tout et de rien, dans les bras l’un de l’autre. 

3h40 – Nouvelle contraction

Puis 4h, 4h10, 4h20, 4h33… ok elles commencent à devenir régulières. 

On décide de rallumer le poêle à bois. Je me pose sur le ballon juste devant et regarde Papa préparer les affaires : le kit pour la sage-femme près de la salle à manger, le sac de maternité près de la porte fenêtre en cas de transfert à la maternité, le matelas par terre, le drap, la bâche… puis il gonfle la piscine. 

Entre deux contractions, on discute, on papote. 

5h42 – Papa appelle la sage-femme pour la prévenir que le travail a commencé, mais que c’est supportable. Elle nous rappelle dans 1h pour faire le point. 

Les contractions continuent, et s’intensifient progressivement. Certaines sont parfois plus longues que d’autres. 

J’alterne différentes positions : assise sur le ballon une main sur le rebord de la piscine, debout appuyée sur la cheminée, debout près du canapé… ou parfois à quatre pattes appuyée sur le ballon, Papa me massant le dos. 

7h03 – La sage femme nous rappelle pour prendre des nouvelles. Elle propose de venir vers 8h-8h30 après avoir déposé sa fille à la crèche. 

Les contractions sont toujours toutes les 5-10 minutes, et ont tendance à s’allonger parfois. 

Je mets de la musique, et me projette pleinement dans cet accouchement à la maison. 

Je pense à ma fille, et à la rencontre avec son petit frère. Je pense à cette dernière grossesse qui s’apprête à s’arrêter. Les larmes coulent sur mes joues, et je me balance au rythme de la mélodie. J’ ancre en moi ce doux moment que je suis en train de vivre. 

Papa en profite pour appeler les charpentiers pour leur demander de ne pas venir aujourd’hui. Malheureusement ils sont obligés de venir et promettent d’essayer de faire le moins de bruit possible… Après réflexion, nous décidons de mettre des bouchons d’oreilles qui me permettront de bien atténuer les bruits tout en continuant de profiter de la musique. 

8h30 – La sage-femme arrive, et fait un monito. Elle propose ensuite de m’examiner le col si je le souhaite, ce qui nous confirme que le travail a bien commencé. Elle nous laisse continuer tranquillement de notre côté, et se tient à disponible si j’en ressens le besoin. 

Papa envoie un SMS à mes beaux-parents pour leur annoncer que la rencontre approche, et qu’ils peuvent donner le sac que j’avais préparé à ma fille aînée. 

9h45 – Une contraction me pousse à demander la bassine pour vomir. La sage-femme revient monitorer le bébé, pour qui tout va bien. 

10h – On décide de commencer à remplir la piscine. Les contractions sont désormais assez intenses. 

11h00 – Je rentre dans la piscine, les contractions sont très intenses, et commencent à devenir de plus en plus longues. Je tiens ma respiration avec de longs souffles. Je sens mon bassin, mes reins et mon utérus de manière tellement forte que j’ai parfois des hauts le cœur et de nouveau des envies de vomir. 

Je suis assise, une main agrippée à la poignée, l’autre agrippée à Papa, qui fait comme moi, et serre très fort tout le long de la contraction. Puis nous desserrons nos mains entre chaque. Il souffle avec moi, pour me guider. Je me concentre sur ses mains qui se serrent et son souffle sur mes bras. 

11h30 – La sensation des contractions est très forte, tellement forte que je trouve le temps long. Je demande à appeler la sage-femme pour qu’elle m’examine à nouveau, espérant voir dans ses yeux que bébé est bientôt là. « C’est super Mélanie, ce que tu fais, ça avance très bien ». 

12h – J’ai du mal à gérer la douleur. Ces vagues qui me frappent de plein fouet, sont très longues parfois. J’ai envie de crier. Je me retiens, je privilégie de souffler pour accompagner bébé. Je me répète ces quelques phrases « Une contraction après l’autre », « Super champion, tu fais ça comme un chef », « Ensemble, bientôt dans mes bras », « Je suis forte »… 

12h30 – Je sens mon bassin qui s’ouvre, et que la tête appuie sur le rectum. J’essaie de toucher, de sentir… je suis perdue. Je ne sens rien. Pourtant, il faut qu’il arrive, c’est beaucoup trop intense maintenant… 

Je pousse désormais des cris. Mais je veux être sûre qu’il n’est pas trop tôt pour pousser. 

Je demande dans un râle à la sage-femme si c’est le bon moment. Elle me répond qu’il faut que je me fasse confiance, si je sens la tête. 

Je me mets à genoux, j’essaie de toucher, je ne sens qu’une sorte de muqueuse, mais j’en suis sûre il faut que ce soit la tête. Après une contraction, puis deux peut-être… la tête est désormais dans ce cercle de feu, entre intérieur et extérieur. Elle est encore dans sa poche. 

« La tête est là ! », je crie. 

Je pousse à la contraction suivante en l’accompagnant de cris rauques.

La tête sort. Je la tiens dans ma main, toujours dans sa poche. 

Le moment est très intense. Je tremble de tout mon corps. A la prochaine contraction, je pousse légèrement en la retenant avec ma main. 

12h38 – En un souffle, le petit Marceau finit son voyage. Son corps tout entier sort, et je le hisse au-dessus de l’eau contre moi.

« Coucou champion », lui dis-je à voix basse encore toute tremblante. 

Je recule pour m’asseoir et reprendre mes esprits… mon mari est derrière moi, et nous prend dans ses bras. 

Je n’arrive pas à réaliser… J’ai accouché à la maison, dans mon salon. Et j’ai ce tout petit bébé contre moi, enveloppé dans sa serviette qui nous regarde, tout calme… comme s’il savait parfaitement où il se trouvait.

Sage-femmes : F.D et E.C – département 24