Je n’étais pas malade, j’étais enceinte, je n’allais pas vivre un acte qui nécessitait une assistance médicale, j’allais donner naissance, je n’avais pas besoin d’une aide médicale, j’avais besoin de soutien et d’amour. Je ne voulais pas accueillir mon enfant dans un lieu inconnu, aseptisé, pas chaleureux, entourée d’inconnus. Je voulais le connu, le doux, l’amour de ceux qui nous connaissent déjà : notre sage femme, notre doula et bien sûr : son papa, mon amoureux !
J’ai perdu les eaux vers 23h. Peu de temps après, les premières contractions ont démarré. Ça y est, c’était le moment, j’étais prête. Mon compagnon appelle notre sage femme… Il gère cette partie là, je sais qu’il sait, je ne m’en occupe pas du tout, j’ai confiance. J’ai confiance en lui, j’ai confiance en elle et en notre doula. Maintenant je ne m’occupe plus de tout ça, j’entre dans ma bulle. Pas besoin de prendre la route, pas de besoin d’aller dans un endroit inconnu, pas besoin de parler à des inconnus en blouse blanche. Je peux rester chez moi, dans le noir, sur mon matelas au sol avec mon plaid offert par mon amoureux, ma musique. J’adore cette playlist de relaxation à la flûte de pan. Je pars… dans ma bulle…
Je ne suis pas anti-médicalisation. Je pense que la médecine a pris trop de place dans le processus de la naissance. Des actes posés inutilement : monitoring, voie veineuse qui génèrent du risque. Risque bien géré puisque ça se passe en milieu hospitalier… J’étais prête à aller à la maternité ou à la clinique si ma sage femme me le recommandait ou si j’en sentais le besoin. J’avais aussi fait un suivi en clinique au cas où. Parce que, à mon sens, le médical à sa place quand le corps seul ne sait plus faire, quand il y a dysfonctionnement, problème… Alors j’étais prête, je savais que ça pouvait arriver et je remercie le corps médical d’exister pour « ça », pour le cas où il y aurait eu besoin.
J’étais chez moi, mon environnement, la chaleur de notre chambre, la douceur de notre foyer rempli de notre amour. Je me sentais comme une guerrière, je savais que mon corps saurait faire, que ma fille trouverait le chemin, qu’il fallait que je plonge et que je laisse faire. J’ai laissé aller et je ne sais plus trop ce qui s’est passé… Je me souviens de l’intensité des contractions mais c’était ok, je les acceptais, je n’ai pas pensé que c’était trop ou ingérable. Je me souviens de mon plaid qui me protégeait, me gardait au chaud. Je me souviens des micro secondes de sommeil entre chaque contraction dans lesquelles je plongeais et qui me faisaient un bien fou. Je me souviens du moment où quelque chose coinçait. Je ne sais pas ce que c’est et ma doula propose un bain chaud. En quelques secondes la chaleur du bain… la pesanteur de l’eau…les premières poussées arrivent, elles sont puissantes ! Mon corps fait ça tout seul, je ne maîtrise plus rien, c’est très intense et intriguant la puissance folle que ce corps déploie tout seul, je n’ai rien fait du tout…
Et ma fille est arrivée, dans le bain, son bras gauche levé au ciel, j’ai croisé son regard, elle semblait me dire « Man qu’est-ce que t’as foutu, t’as été longue ! » La poussée avait duré 45 minutes je crois.
Je l’avais dans mes bras, son petit corps, son tout petit corps tout nu contre le mien, elle était là, enfin ! J’ai gardé mon bébé sur moi tout le temps, le placenta est venu très vite en quelques minutes, sans effort…
Elle était dans mes bras, son papa, mon amoureux, à nos côtés, nous nous rencontrions et le reste n’avait plus d’importance.
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.